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SCOUTED: SkillCorner – Archétypes modernes des latéraux

Eva Amorim
By: Eva Amorim
• avril 2025

SkillCorner s’associe à Scouted Football pour proposer des données et insights venant appuyer leur analyse des meilleurs talents émergents du football.

 

Dans cet article, l’équipe de Scouted utilise les données physiques de SkillCorner ainsi que celles liées à la Game Intelligence pour construire trois profils modernes d’arrières latéraux.

 

Le poste de latéral est devenu le plus varié sur le terrain. En se concentrant sur les métriques physiques et de Game Intelligence de SkillCorner, trois Archétypes distincts apparaissent.

Pour en savoir plus sur les archétypes SCOUTED, consultez notre introduction au premier : Power Forwards.

Même au sein d’une même équipe, le rôle d’un latéral peut être totalement différent de celui de son homologue de l’autre côté. Prenez Trent Alexander-Arnold et Andrew Robertson. Ils sont les latéraux les plus prolifiques en termes de passes décisives de l’histoire de la Premier League, mais ils ont gravi les échelons de manières très différentes. Alexander-Arnold restera comme l’un des meilleurs passeurs de la compétition, un Pathfinder. Pendant ce temps, l’énergie inépuisable de Robertson a fait de lui un Flyer en acier trempé.

Fabian Delph fut sans doute le Full-Back Imposter par excellence dans la Premier League moderne – une ligue désormais remplie de milieux de terrain qui s’inversent depuis ce poste. Milieu box-to-box de formation, Delph a débuté 21 matchs de Premier League en tant qu’arrière gauche durant la saison record des Centurions en 2017/18, dont 14 pendant la série historique de 18 victoires consécutives.

Cet article analytique introduit les trois premiers Archétypes SCOUTED de Full-Back : le Flyer, le Pathfinder et l’Imposter. En analysant les données physiques, les courses sans ballon, les passes et la capacité à surmonter la pression, chaque archétype émerge avec un ensemble de métriques SkillCorner au cœur de son profil. L’article met en lumière les forces distinctives qui permettent d’identifier rapidement ces profils et propose des pistes pour évaluer les talents découverts.


 

 

L’échantillon de données est basé sur les Full-Backs ayant joué au moins cinq matchs de 60 minutes dans ce rôle au sein des cinq grands championnats européens en 2024/25. Cela a produit un groupe de 311 joueurs. Données valables au 11 mars 2025.

Le Flyer

Le premier Archétype est sûrement le plus familier. Le Flyer se distingue par ses courses longues et intenses ainsi que par les centres incessants qui caractérisent le rôle traditionnel de latéral. Les métriques physiques sont au cœur de ce profil – à bien des égards, c’est l’équivalent latéral du Power Forward. Comme pour ce dernier, certaines statistiques de course sans ballon et de passe sont amplifiées par des marqueurs physiques spécifiques.

La course de Milos Kerkez contre Newcastle illustre parfaitement l’Archétype du Flyer – d’autant plus impressionnante qu’elle intervient à la sixième minute du temps additionnel. Ce week-end-là, Kerkez a enregistré le temps le plus rapide vers une course à haute intensité (0.54) pour un Full-Back de Premier League, et le deuxième plus grand nombre de sprints en possession, derrière Antonee Robinson. Immédiatement, l’explosivité, la haute vitesse et les sprints ressortent comme des métriques clés.

Les plages de vitesse Haute Intensité (20-25 km/h) et Sprint (>25 km/h) composent ensemble la métrique Haute Intensité de SkillCorner, qui mesure toute action au-delà de 20 km/h. En croisant les Actions de Haute Intensité P30 TIP avec la Vitesse de Sprint Maximale (PSV-99), Kerkez et Robinson apparaissent immédiatement comme les figures de proue du Flyer en Premier League. En ajustant la taille des points de données selon le pourcentage d’actions de haute intensité qui sont des sprints, on identifie clairement les Flyers aux chaussures fusées – Robinson arrive en tête, Kerkez en troisième position:

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Explorons maintenant le profil de course sans ballon de ces Flyers pour comprendre les effets de cette vitesse explosive.

Les recherches précédentes de SkillCorner, mises en avant dans l’Introduction au Power Forward, indiquent que les types de courses les plus fréquentes pour les Full-Backs sont les Courses devant le ballon, les Courses de soutien, et les Courses en chevauchement (Overlap). Pour mieux distinguer chaque Archétype et comprendre la manière dont la production physique se traduit en style de jeu, il est utile de regrouper ces 10 types de courses en trois catégories :

COURSES DE CONSTRUCTION (BUILD-UP RUNS)

Il s’agit des courses où le joueur cherche à recevoir le ballon dans les pieds :

Reculer (Dropping Off) : course vers le but de son équipe pour ouvrir un angle de passe

Venir court (Coming Short) : course vers le porteur de balle pour recevoir une passe courte

Écarter (Pulling Wide) : course partant du demi-espace central vers la zone large, en s’écartant du porteur

Tirer vers le demi-espace (Pulling Half Space) : course dans le dernier tiers qui part du centre et finit dans le demi-espace

 

COURSES DE PROGRESSION (PROGRESSION RUNS)

Un sous-groupe important pour l’Archétype du Flyer :

Course de soutien (Support Run) : course venant de derrière le porteur pour participer au jeu offensif

Overlap : course dans la largeur ou le demi-espace, partant de derrière le porteur et finissant devant et à l’extérieur

Underlap : idem mais finissant à l’intérieur

Course devant le ballon (Run Ahead of the Ball) : course partant devant le porteur vers le but adverse sans franchir la ligne défensive

 

COURSES DIRECTES (DIRECT RUNS)

Ces courses sont généralement proches de la surface adverse :

Courses dans le dos (Runs In Behind) : course dans l’espace derrière la ligne défensive adverse
Courses vers un centre (Cross Receiver Runs) : course vers la surface pour recevoir un centre

Bien que les Courses de soutien et les Courses devant le ballon – les deux plus fréquentes chez les Full-Backs – fassent partie du groupe de progression, les analyser séparément permet de capter des différences de style. Pour les Flyers, il est important de combiner les Overlaps et Underlaps en Courses de Chevauchement (Lapping Runs), en les séparant des autres Courses de Progression.

Le Flyer effectue plus de Courses devant le ballon que de Courses de soutien, du fait de sa tendance naturelle à se projeter. Mais c’est le volume de Lapping Runs qui distingue clairement cet archétype des autres. Kerkez, par exemple, affiche le plus haut pourcentage de Lapping Runs parmi toutes ses courses (30,3 %) dans l’ensemble du dataset. Il présente une répartition relativement équilibrée entre Overlaps et Underlaps, ce qui justifie leur regroupement pour l’analyse.

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On observe une forte corrélation entre les Actions de Haute Intensité et les Lapping Runs (coefficient de corrélation de 0,61), ainsi qu’avec la Dangerosité des Lapping Runs (0,57). Cela montre une relation directe entre certaines métriques physiques et les courses sans ballon, illustrant précisément le profil du Flyer. Le graphique en nuage de points suivant croise les Actions de Haute Intensité P30 TIP et les Lapping Runs, avec la menace générée par ces courses comme taille du point : Milos Kerkez en ressort comme le modèle absolu.

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Pour différencier les Full-Back Flyers des Pistons (Wing-Backs), une simple adaptation suffit : on remplace les Lapping Runs par les Courses Directes, c’est-à-dire la somme des Runs In Behind et des Cross Receiver Runs. C’est là qu’un joueur comme Jeremie Frimpong entre en scène.

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Il semble donc que plus un Full-Back effectue de courses explosives à haute intensité en phase de possession, plus il a de chances de générer du danger par des Lapping Runs ou Raids offensifs. Bien sûr, ce n’est pas une règle absolue, mais cela donne un cadre clair pour identifier les profils. Sur les 10 joueurs du top 10 % pour les Actions de Haute Intensité P30 TIP, Accélérations Explosives et PSV-99, neuf sont aussi dans le top 10 % pour les Lapping Runs ou Direct Runs – Ali Abdi, le seul à ne pas y figurer, est tout de même dans le top 15 %. Le seul joueur classé dans le top 10 % à la fois en volume et en menace générée pour les deux types de courses est Jhoanner Chávez, arrière gauche né en 2002, formé à Independiente del Valle et prêté au RC Lens par Bahia.

LE PROFIL D'UN FLYER FULL-BACK

Comparé à un Full-Back moyen (avec les stats normalisées par 30 minutes en possession), le Flyer se distingue ainsi :

Physique : plus d’actions à haute intensité, plus de distance parcourue à haute intensité ; les sprints représentent une plus grande part de la distance totale ; PSV-99, temps vers HSR et temps vers sprint plus rapides ; plus d’accélérations explosives.

Courses sans ballon : plus de Lapping Runs (remplacer par Courses Directes pour les Wing-Backs) ; plus grande proportion de leurs courses totales sont des Lapping Runs ; plus grande menace générée par ces courses.

Passes : plus d’occasions de passe vers des Cross Receiver Runs, et plus grande proportion de passes tentées vers ce type de course ; plus grande part de menace créée par ces passes.

Le Pathfinder

Les recherches précédentes de SkillCorner ont révélé que les Full-Backs reçoivent plus d’opportunités de passe que tout autre groupe de poste. Les Courses devant le ballon sont l’option la plus courante, suivies des Coming Short Runs, des Runs In Behind et des Cross Receiver Runs. Grâce à la relation entre les actions de haute intensité et les Lapping Runs, le Flyer est naturellement lié aux Cross Receiver Runs. À l’inverse, les Build-Up Runs sont associés à l’Imposter. Restent donc les Runs Ahead of the Ball et les Runs In Behind pour notre archétype spécialiste de la passe : le Pathfinder. 

(Note : à mesure que les archétypes se développent pour tous les postes, on peut commencer à entrevoir des synergies intéressantes. Par exemple, un Full-Back Pathfinder semble être le distributeur idéal pour un Power Forward, étant donné l’importance des Runs In Behind et des Runs Ahead of the Ball.)

Pour montrer la valeur d’une telle spécialisation, prenons l’exemple de Trent Alexander-Arnold. Quand on regarde ses passes vers tous types de courses, il se situe au 59e percentile en volume. Mais en se concentrant uniquement sur les Runs In Behind et les Runs Ahead of the Ball, il grimpe dans le top 5 %.

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Bien entendu, son nombre élevé d’opportunités vers ces courses est probablement influencé par le style de jeu de Liverpool. Mais cela illustre parfaitement la concentration spécifique de son profil de passeur. Chez lui, 61,4 % de ses passes tentées P30 TIP vers des courses sont ce que l’on appellera désormais des Pathfinder Passes, c’est-à-dire des passes vers les Runs Ahead of the Ball et les Runs In Behind. C’est le plus haut taux de concentration de Pathfinder Passes de tout notre échantillon. Pour identifier des profils stylistiques similaires, on peut croiser le volume de Pathfinder Passes avec le pourcentage de ces passes parmi l’ensemble des passes vers des courses. Toutefois, comme les passes vers les Runs Ahead of the Ball ou Support Runs représentent une part importante de l’ensemble des passes tentées par les Full-Backs, on peut ajuster la taille des points de données avec la proportion de passes vers des Runs In Behind – ce qui aide à repérer les Pathfinders les plus directs et expansifs, comme Alexander-Arnold : 29,6 % de ses passes vers des courses vont vers des Runs In Behind.

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La prochaine étape pour affiner la recherche des Pathfinders est de combiner ces métriques de passe avec la suite Game Intelligence dédiée au dépassement de la pression (Overcoming Pressure).

LE PROFIL D'UN PATHFINDER FULL-BACK

Comparé à un Full-Back moyen (normalisé P30 minutes en possession), voici ce qui caractérise un Pathfinder :

Passes : plus de passes tentées vers les Runs Ahead of the Ball et Runs In Behind ; plus grande proportion de ses passes vers des courses sont des Pathfinder Passes ; plus cette proportion penche vers les Runs In Behind, plus le profil est expansif.

Passes : plus de passes vers des courses dangereuses (Dangerous Pathfinder Passes) et plus grande part de menace générée par ces passes.

Overcoming Pressure : plus de passes difficiles tentées sous pression.

Le Pathfinder est un passeur à haut risque, haut rendement. Pour identifier ces Full-Backs qui n’hésitent pas à chercher des coéquipiers lancés dans l’espace, on peut croiser les Dangerous Pathfinder Passes avec les Passes difficiles sous pression. De façon intéressante, Ki-Jana Hoever, ancien espoir de Liverpool aujourd’hui prêté à Auxerre par Wolverhampton, apparaît comme un potentiel Pathfinder en devenir.

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On peut raffiner cette analyse en se concentrant uniquement sur les passes vers des Runs In Behind, ou même les passes Pathfinder difficiles sous pression. Il est aussi possible d’analyser le comportement de passe sous différents niveaux de pression (basse, moyenne, haute) ou selon les tiers/axes du terrain.

Mais pour souligner toute la valeur de ces ajustements, passons maintenant au troisième archétype du Full-Back, centré sur la résistance à la pression : l’Imposter.

L'Imposteur

Le plus important à retenir lorsqu’on cherche un profil d’Imposteur, c’est que tout joueur peut endosser ce rôle. En réalité, cet archétype est rapidement devenu un moyen pour les jeunes formés en académie ou les joueurs peu expérimentés de gagner du temps de jeu en équipe première — notamment les milieux de terrain. On pourrait dire que Rico Lewis, Jack Hinshelwood ou Myles Lewis-Skelly sont tous à un stade différent de leur transformation à la Fabian Delph. En résumé, ils sont souvent utilisés comme milieux déguisés en latéraux. Leur mission principale : conserver la possession. Que ce soit par leur résistance au pressing ou leur capacité à s’inverser pour participer à la construction du jeu, ils sont le yin du yang que représente le Pathfinder.

Plutôt que de se concentrer sur la dangerosité ou la difficulté des passes comme avec le Pathfinder, on s’intéresse ici à la capacité des Full-Backs à conserver le ballon sous différents niveaux de pression. Le jeune Lewis-Skelly, par exemple, affiche le meilleur taux de rétention global et le troisième meilleur taux sous forte pression. Ce n’est pas un hasard : il est aussi le passeur le plus sûr, c’est-à-dire qu’il a la plus faible proportion de passes sous pression qui sont difficiles — un rôle qu’on lui demande d’assumer.


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Pour découvrir les Imposters les plus malins, il faut se concentrer sur la zone du demi-espace, à gauche comme à droite. En croisant le pourcentage de pressions élevées reçues dans ces canaux avec le taux de rétention sous pression dans le demi-espace, on identifie les joueurs qui ont trouvé leur habitat naturel au milieu… mais aussi ceux qui s’y noient.

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À travers cette analyse centrée sur les demi-espaces, on voit ressortir l’influence du style d’équipe : deux Full-Backs d’Arsenal et Joško Gvardiol de Manchester City sont groupés ensemble — Rico Lewis n’est pas loin non plus.

LE PROFIL D'UN IMPOSTEUR FULL-BACK

Par rapport à un Full-Back moyen (normalisé P30 minutes en possession), voici ce qui ressort :

Overcoming Pressure : taux de rétention supérieur sur l’ensemble du terrain et à tous les niveaux de pression ; proportion plus faible de passes sous pression qui sont difficiles.

Overcoming Pressure : plus de pressions subies dans les demi-espaces, avec un taux de rétention plus élevé dans ces zones ; plus de passes sous pression également effectuées dans ces zones.

Courses sans ballon : moins de courses globalement, mais une plus grande proportion de Build-Up Runs.

Le groupe secondaire à analyser pour les Imposters est celui des Build-Up Runs, qui comprend :

Reculer (Dropping Off) : course vers son propre but pour ouvrir une ligne de passe

Venir court (Coming Short) : course vers le porteur de balle pour une passe courte

Écarter (Pulling Wide) : course du demi-espace vers l’extérieur, plus large que le porteur

Tirer vers le demi-espace (Pulling Half Space) : course offensive du centre vers le demi-espace

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Pour aller encore plus loin, on pourrait subdiviser les Imposters selon qu’ils effectuent surtout des Support Runs ou des Runs Ahead of the Ball. Pour trouver des Imposters qui participent à la construction en première phase, privilégiez les Support Runs. Pour ceux qui se projettent dans les zones avancées, concentrez-vous sur les Runs Ahead of the Ball.

On pourrait même défendre l’idée que Imposter et Invader sont deux archétypes distincts. Mais…

CE N'EST QUE LE DÉBUT

Avec autant de noms connus cités, on pourrait croire que tout cela est assez évident. Bien sûr que Milos Kerkez aime les Overlaps (et les Underlaps), que Trent Alexander-Arnold est un maestro de la passe, ou que Myles Lewis-Skelly ne perd jamais le ballon. Tu le sais déjà.

Mais la vraie puissance de ces archétypes, c’est de pouvoir appliquer les mêmes filtres à une ligue, une région, ou un continent que personne d’autre ne regarde, pour y dénicher les profils dont tu as besoin.

Ce n’est que le début pour ces trois archétypes de Full-Back. La capacité à affiner chaque profil en possession via les zones et canaux du terrain existe déjà. Mais le potentiel pour les combiner à des styles hors possession sera bientôt possible grâce à l’arrivée des données OOP (Out Of Possession) de SkillCorner. À terme, tu pourras identifier un Imposter qui cadenas les ailiers adverses ou un Flyer capable de faire aussi office de Super Balayeur.

Alors… qu’est-ce que t’attends ?

 

 

Écrit par  Jake Entwhistle.

 

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